Echec des plans Ecophyto : des dommages qui ne concernent pas seulement l’environnement !

En 2020 et 2021, Auxilia a accompagné les pouvoirs publics bretons (DREAL, Région, SGAR, Etablissement Public Foncier, Banque des Territoires) sur l’organisation de deux cycles de conférences sur les enjeux du foncier responsable et de la vitalité des centres-villes. Quels ont été les objectifs et les apports de ce projet ?

Simon Pouillaute, directeur de projet Energie-Climat chez Auxilia nous répond.

Votre auteur et interlocuteurSimon POUILLAUTE

Simon POUILLAUTE

Directeur de l'expertise Energie & climat

Bonjour Simon. La première question qui se pose est celle des objectifs poursuivis : pourquoi avoir organisé en Bretagne un tel cycle de conférences ?

A l’été 2020, le groupement d’acteurs publics a constaté que l’enjeu de l’utilisation du foncier était un sujet de plus en plus prégnant. En Bretagne, le SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) a montré que la Bretagne est l’une des régions où l’artificialisation des sols est la plus poussée et où le phénomène de désertification des communes rurales reste prégnant.

D’où leur idée pertinente d’organiser des rencontres, qui ont été baptisées « Les territoires innovent en Bretagne » sur l’année 2020-2021. Parmi ces rencontres, neuf se sont axées sur les centralités – notamment comment redynamiser les centres-villes – et six sur le foncier responsable, même si dans la pratique les deux thématiques se recoupaient fréquemment, de par leur transversalité.

Ainsi nous avons traité des questions aussi diverses que la nature en ville, le recyclage du foncier disponible, la connaissance des outils existants (aides, ingénierie, acteurs…), la densification urbaine, la gestion des cours d’eau dans les centres-villes, la requalification des friches industrielles, la création culturelle et artistique en centre-ville, ou encore la gestion des sites complexes pollués… De quoi répondre aux besoins d’informations d’une grande variété de participants (élus, techniciens, agences, observatoires, conservatoire, bureaux d’études, universités…), et même de quoi trouver de vrais projets à soutenir, par exemple, pour l’EPF !

Comment se sont déroulées ces rencontres ?

Ces rencontres ont été organisées en ligne, pour permettre à tous les territoires d’y participer facilement. A chaque fois, nous avons introduit le sujet et ses contextes et enjeux, avant de proposer un quizz participatif sur le sujet, et surtout de donner la parole aux territoires bretons pour 3 retours d’expérience pertinents. Ces retours d’expérience provenaient à chaque fois de communes et EPCI, en majorité ruraux, qui se sont engagés sur le thème traité et ont trouvé des réponses aux obstacles rencontrés. Pour nous, il était important de faire témoigner un binôme technicien / élu, pour rendre compte des aspects aussi stratégiques qu’opérationnels des projets.

L’organisation en ligne a sans doute facilité la large audience obtenue lors de ces rencontres. Ce premier cycle d’un an a très bien fonctionné, avec précisément 3253 participations et une soixantaine de retours d’expérience partagés (et plus de 120 intervenants mobilisés). Ce succès a

donné envie de relancer la dynamique pour la fin d’année 2021 avec 3 rencontres supplémentaires entre octobre et décembre. Et désormais les acteurs publics préparent la reconduction validée pour 2022.

Au-delà du succès quantitatif, j’ai surtout l’impression que nous avons motivé de nombreux acteurs à s’engager, grâce à cet élan positif et cette dynamique opérationnelle autour de constats qui sont assez partagés. Malgré l’existence d’obstacles (et c’était bien l’un des objectifs que de les prendre en compte !), ce cycle a montré qu’il y avait de nombreux faiseurs au niveau local, et qu’il était utile de les mettre en lien pour mieux adresser ces enjeux au service de la durabilité.

Parmi les sujets évoqués, certains t’ont-ils paru particulièrement prégnants voire surprenants ?

Tout d’abord, sur la forme, j’ai été étonné de la mobilisation et de l’intérêt pour le sujet, sur la durée. Je ne m’attendais pas à la création d’une telle dynamique. Que ça ait entraîné le prolongement du cycle montre bien que ça répond à un vrai besoin sur le territoire.

Ensuite, j’ai été frappé du nombre de retours d’expériences existants. Je ne sais pas si la région Bretagne est en avance par rapport aux autres, mais sur chaque thématique nous avons trouvé des initiatives intéressantes, devant même choisir à chaque fois qui faire intervenir au final. Surtout, beaucoup de projets se lancent et donnent envie de voir ce que ça va donner dans le temps, d’où l’intérêt de continuer à faire vivre ces cycles de rencontres !

Sur le fond, certaines initiatives m’ont paru particulièrement inspirantes. Je pense notamment à la manière dont Pontivy utilise l’art et la culture pour dynamiser le centre-ville, ou dont des villes comme Lorient ou Rennes misent sur l’agriculture urbaine pour faire de leur centre-ville un atout de la transition écologique et du développement économique en circuits courts.

A t’entendre, on a l’impression d’un fort consensus sur ces sujets, alors que les enjeux autour de la zéro artificialisation nette (ZAN), par exemple, ne sont pas toujours pleinement partagés…

Eh bien dans ces rencontres, les constats étaient globalement partagés. Pour les participants, le principe de la ZAN fait globalement sens, mais son application locale nécessite évidemment de la souplesse. Tout comme pour les PCAET, qui obligent les EPCI à se projeter sur une trajectoire à horizon 2050 mais qui laissent à la collectivité le choix du « comment » (plus ou moins de sobriété énergétique ou de production d’EnR), la ZAN doit s’adapter aux caractéristiques des territoires. Les besoins en logement, l’attractivité du territoire, les potentiels des terres en termes de séquestration du carbone, les spécificités locales (littoraux, forêts, zones humides…) vont varier d’un lieu à l’autre. Ce n’est pas la même chose d’artificialiser une terre de culture fatiguée qu’une forêt historique ! Cela renvoie d’ailleurs aux réflexions posées par mes collègues sur les limites de la ZAN. Cette dernière doit aussi se voir sur un temps un peu plus long, à l’échelle d’un ou plusieurs mandats, ce qui n’est pas toujours évident quand le besoin de loger sa population est fort, par exemple.

Autre point de convergence, c’est le constat que les grosses zones d’activité commerciale en périphérie semblent avoir fait leurs temps. Dévitaliser les centres, obliger à prendre la voiture pour aller dans une « usine à consommation », où les gaspillages sont rois, cela fait de moins en moins sens pour les participants à ces rencontres aujourd’hui, si tant est que ça ait déjà fait sens. C’est aussi une bataille des petits commerces indépendants face aux mastodontes, qui n’ont pas de lien spécifique avec le territoire et dont les profits ne sont pas intégralement bénéfiques localement.

Comment celles et ceux qui le souhaiteraient peuvent-ils encore se nourrir de ce travail ?

L’un des principaux intérêts de ce travail réside dans la forte capitalisation qui a été proposée. D’une part, toutes les rencontres sont disponibles en replay en ligne ; et d’autre part, les documents produits à chaque occasion (supports, fiches de capitalisation, annuaire de professionnels, newsletters trimestrielle) ont été mis en ligne sur une plateforme (pour s’y inscrire, cliquer ici).

C’est très important pour nous et les pouvoirs publics que cette connaissance ne parte pas l’oubli, car il est rare d’avoir autant de témoignages concrets sur un sujet qui ne peut que prendre de l’ampleur dans les prochaines années !

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