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L'édito novembre 2024

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Eclairer, partager, décloisonner, surprendre les nouvelles tendances, décrypter les signaux faibles…, autrement dit « Réveiller nos futurs », la proposition de la newsletter d’Auxilia. Prospective et réaliste, nous l’avons imaginée comme une source d’inspiration pour les territoires et les structures que nous accompagnons, quels qu’ils soient.

L’intelligence artificielle : un débat toujours d’actualité chez Auxilia et dans le monde du conseil

Votre interlocuteurAntoine MEYER

Antoine MEYER

Consultant Stratégie de territoires
Votre interlocuteurFrancesco PIRRI

Francesco PIRRI

Consultant Urbanisme
Votre autriceMargot RAT-PATRON

Margot RAT-PATRON

Cheffe de projets Energie & climat

Pour novembre et décembre, notre newsletter « Réveiller nos futurs », nous partage une réflexion sur la contribution de l’IA dans les métiers du conseil.  Antoine Meyer éclairé par des échanges avec Francesco Pirri, tous deux chez Auxilia, décrypte les débats.

 

Intelligence artificielle un débat d’actualité chez Auxilia et dans le monde du conseil

L’arrivée de l’IA sur la scène médiatique, en particulier celle des grands modèles de langage, a généré une rupture importante dans le processus d’innovation technique dans le secteur du conseil. Les outils d’intelligence artificielle développés ces deux dernières années tels que les générateurs de texte (ChatGPT, Claude AI, Llama, Mistral, etc.) et d’images (DALL-E, Midjourney, etc.) montrent un potentiel de transformation durable de notre travail.

Cependant, cette évolution suscite des controverses. La consommation énergétique nécessaire au fonctionnement et à l’entraînement de ces modèles oblige les grands acteurs de la tech à réviser leurs objectifs de réduction des émissions. Par ailleurs, les impacts sociaux, organisationnels, ainsi que ceux sur la qualité de vie au travail restent difficiles à évaluer.

Chez Auxilia, ces enjeux ne nous laissent bien sûr pas indifférents. Spontanément, des échanges passionnants se sont organisés. Puis, une réflexion continue s’est organisée autour de l’évolution des outils, de notre connaissance en interne et d’une utilisation responsable et mesurée.

Un usage responsable , condition sine qua non pour faire de l’IA un allié des démarches de transition

Malgré les divergences, un point semble rassembler notre collectif, celui de comprendre les enjeux liés à l’utilisation des outils d’intelligence artificielle et donc de faire preuve de discernement. Cette démarche habituelle chez Auxilia, ancrée dans l’émancipation et la politisation de toutes et tous, s’applique à l’IA comme à d’autres sujets majeurs comme l’alimentation, la sobriété, la participation citoyenne et l’eau. Nous étudions encore aujourd’hui la potentialité de cet usage responsable de l’IA et cela passe par une analyse théorique des controverses et l’expérimentation pratique des outils. Nous partageons ici avec vous trois questions que nous nous posons dans ce processus de « responsabilisation » des outils d’intelligence artificielle.

La promesse du gain de tempsà quel prix et pour quoi faire ?

Premièrement, l’argument du gain de temps associé au recours à l’intelligence artificielle est souvent mis en avant. Mais gagner du temps sur des tâches à faible valeur ajoutée implique des questionnements. Pour quoi faire et à quel prix ? Celui de la qualité du travail fourni, des qualités relationnelles ou de la santé psychique ?

Le risque majeur que nous identifions est l’intensification du travail du fait des usages de l’IA. C’est-à-dire une augmentation du rythme et du volume de travail fourni sans pour autant générer d’impacts positifs, ni sur les travailleurs, ni sur les territoires et les organisations accompagnés.

Cependant, le recours à l’intelligence artificielle semble nous offrir plus que du temps. Elle permet d’accomplir des tâches complexes voire impossibles à réaliser dans les contraintes liées à nos missions, comme la production de visuels, de l’analyse textuelle avancée, du traitement de base de données…, tout en maintenant une qualité satisfaisante. Elle favorise également notre concentration sur des tâches à plus forte valeur ajoutée (analyses stratégiques, entretiens semi-directifs, animation d’ateliers créatifs), constitutifs de l’ADN d’Auxilia.

Pour revenir à notre objectif d’usage responsable, chez Auxilia, nous nous engageons à mettre au service des territoires et de la qualité de vie au travail le gain de temps, à travers une gestion optimisée de nos temps de travail, une amélioration de nos livrables et un enrichissement de nos accompagnements.

Quel impact sur nos partenariatsdu recours aux compétences externes  ?

La deuxième question qui nous occupe est celle de la réorganisation du jeu des acteurs. Dans notre travail d’accompagnement des territoires, nous nouons consciemment et inconsciemment des alliances avec les autres acteurs des transitions territoriales. La sociologie des sciences nous a appris que l’apparition d’une nouvelle technique génère une réorganisation du système d’alliance, au détriment de certains et au profit des autres. Les choix de nouer de nouvelles alliances et d’en rompre d’autres, en se passant de compétences qui sont partiellement remplaçables grâce aux outils d’IA, sont politiques. Aussi, nos choix sont guidés essentiellement par la préservation des bifurcations écologiques et sociales. Ces processus de transformation nécessitent avant tout d’embarquer toutes les populations et toutes les compétences, bien avant d’être outillés. La bifurcation ne repose pas sur un savoir encyclopédique mais plutôt sur la création d’une voie bâtie à travers des échanges multi-acteurs et la construction d’une trajectoire commune.

Cette dimension porte nécessairement le débat sur la question des compétences et en particulier celles des collectivités territoriales. Il est probable que l’intelligence artificielle entraîne une capacité accrue d’internalisation de certaines tâches (diagnostic territorial, cartographie, analyse statistique…) entraînant à son tour une modification des besoins de tâches externalisées et donc du quotidien des missions de conseil.

Un différentiel de compréhension entraînant un jeu inégal

La troisième question porte sur les compétences. L’un des enjeux cruciaux de l’intelligence artificielle est l’accélération de son développement, qui accentue les décalages et complique l’adaptation des acteurs locaux.

Le jeu inégal s’installe et peut s’expliquer par une méconnaissance du sujet, des ressources et un outillage divergent entre les acteurs du champ privé et public et au sein même de ces catégories.

Dès lors, renforcer les compétences de base, l’accès aux outils et leur compréhension apparaît comme une opportunité pour rééquilibrer le jeu. Faute de quoi, certaines collectivités risquent de devenir dépendantes d’acteurs dont les intérêts divergent de l’intérêt général.

Un paradoxe émerge de cette discussion autour de la dépendance au sein du secteur public comme du secteur privé. Faut-il se former à l’intelligence artificielle pour y être moins vulnérable au risque d’en devenir dépendant et, par conséquent augmenter notre vulnérabilité à son égard ? L’exemple de la vulnérabilité des collectivités territoriales face aux cyber-attaques est emblématique, cible de choix des pirates. 37 % des collectivités attaquées en 2024 ont subi une interruption d’activité et de services (1).

Un usage responsable de l’IA est-il possible ?

Nous aurions aimé partager avec vous une réponse claire à ce qui a animé nos débats : faut-il, oui ou non, utiliser l’IA ? Pourtant, comme souvent dans les enjeux de transition, la réponse n’est pas simple, ni définitive et encore moins universelle. Nous y travaillons encore.

Aujourd’hui, le flou subsiste quant aux impacts éthiques, sociaux et environnementaux de l’IA. Et face à ces incertitudes, il est encore possible de renoncer délibérément à son utilisation. Aucune technique n’est éternelle, même quand elles sont présentées comme révolutionnaires. En ce sens, refuser d’utiliser un outil, n’a rien de coupable. Il est nécessaire de prendre du recul pour éclairer une décision en conscience plutôt que de céder à la pression du « tout le monde le fait ».

Nous reconnaissons les opportunités qui sont offertes par les Intelligences Artificielles au profit de la qualité du service rendu aux collectivités et de la qualité de vie au travail. Le recours à l’intelligence artificielle dans nos métiers du conseil continuera longtemps de faire débat. Même si aucune doctrine sur l’utilisation de l’IA n’a été formalisée, les salarié.es sont libres de s’approprier ces outils selon leurs envies et leurs sensibilités, après avoir acquis les compétences nécessaires à une prise de décision éclairée.

Une chose est néanmoins sûre : peu importe que l’on en soit pourfendeur ou laudateur, utilisateur ou non, nous ne sommes pas naïfs quant à ses impacts sociaux, économiques, environnementaux et climatiques. Nous sommes à la recherche active d’un usage responsable des IA, à travers l’échange et l’exploration, pour assurer qu’elle soit utilisée au profit des acteurs que nous défendons au quotidien dans nos missions.

Newsletter conçue par Margot Rat-Patron, consultante et toute l’équipe. Bravo Margot 🙂

Pour lire la newsletter contenant cet article, c’est ici.

(1) En savoir plus sur les cyberattaques des collectivités