D’avril à juillet, les équipes d’Auxilia ont suivi un panel de 27 personnes et l’ont accompagné dans l’inscription de la pratique du vélo dans leur quotidien, avec l’objectif affiché d’inciter au report modal de la voiture individuelle vers le vélo. Pour cela les participant.es ont bénéficié d’un prêt de vélo à assistance électrique ou longtail (vélos rallongés pouvant accueillir 2 enfants) par l’entreprise Viraj. Ainsi, au cours de ces 3 mois, les participant.es ont pu bénéficier d’un “coaching” personnel, ciblant à la fois des aspects organisationnels (préparer son trajet domicile-travail, adapter son emploi du temps…) et techniques (se déplacer à vélo de manière sécurisée, bien s’équiper contre la pluie…).
Les participants : une diversité de profils inspirants
Pour participer à l’expérimentation, les seuls prérequis étaient d’avoir plus de 18 ans et d’habiter l’un des quartiers bénéficiant actuellement d’une restructuration urbaine pilotée par la FAB : le quartier de la Route de Toulouse (Bègles/Villenave d’Ornon), le quartier Carès-Cantinolle (Eysines), et les quartiers Marne et Soleil (Mérignac).
Le critère de sélection étant uniquement géographique, l’expérimentation a permis d’inclure des habitant.es aux profils très variés : étudiant.es, seniors retraité.es, actifs célibataires, en couple, avec enfant(s), aux horaires de travail fixes ou décalés, des personnes sans emploi, etc. Cela a fortement enrichi l’analyse des motifs de déplacements : balades avec ou sans les enfants, aller faire des courses, se rendre au travail, chez des proches, etc.
Afin de prendre en compte les spécificités de chaque participant.e, un suivi resserré et personnalisé a été mis en place par les équipes d’Auxilia, via plusieurs canaux de communication. Sur chaque périmètre, deux temps collectifs ont été organisés pour faciliter les échanges de bonnes pratiques et le partage des retours d’expériences entre participant.e. Un groupe Whatsapp animé par Auxilia a également vu le jour, permettant de manière spontanée à plusieurs habitant.es d’échanger, par exemple, des astuces sur leurs itinéraires vélo ou sur des lieux découverts à proximité de leur quartier (parcs ou commerces de proximité par exemple).
Un suivi sur mesure pour une communauté unie
Par ailleurs, plusieurs points téléphoniques d’une durée de 30 minutes ont rythmé l’expérimentation, chacun ayant un objectif précis en fonction de l’avancée du projet.
Le premier brief a permis de poser le cadre de l’expérimentation et des modalités d’inscription (montant de la caution, type de vélo prêté, présentation des objectifs) et a servi de premier recueil d’informations concernant les habitudes de déplacements des participant.es, le(s) mode(s) utilisés, le(s) motif(s) et leur fréquence. Ce premier entretien marquait le point de départ de l’expérimentation pour la personne entrevue, et l’on a pu notamment se rendre compte que certain.es n’avaient jamais roulé à vélo en ville, à proximité des voitures, ou ne se sentaient pas en sécurité sur cet aspect, tandis que d’autres apparaissaient déjà très à l’aise. Un certain nombre de participant.es a souhaité tester les déplacements vélo lors de leur trajet domicile-travail, en remplacement de l’utilisation de la voiture.
En revanche, d’autres ont préféré réserver l’utilisation du vélo aux petits trajets (courses, par exemple), à des activités sportives, culturelles, ou pour se rendre chez des proches.
Les points téléphoniques intermédiaires ont permis d’identifier l’évolution de la pratique. Quels sont les avantages mais aussi les inconvénients que le.a participant.e identifie dans sa pratique ? Quelles solutions peuvent être trouvées pour limiter ces inconvénients ?
Le dernier point téléphonique aura lieu en septembre 2024 et permettra de réaliser un bilan à froid de l’expérimentation, dans l’objectif d’évaluer quelle pratique cycliste a été conservée par chacun.e des participant.es.
La météo et le stationnement : deux points noirs majeurs dans la pratique du vélo
“ J’adore le vélo, je double les enfants à pied et mes enfants derrière, leur font coucou à vélo. “
“ Mode hyper rapide et pratique pour l’école. C’est une vraie réussite. “
“ Je sors beaucoup plus facilement me balader avec les enfants, dès qu’il fait beau pour aller au parc notamment, ça évite de sortir la voiture et ça permet de profiter du trajet “
Malgré des retours très positifs sur l’utilisation du vélo, certains paramètres externes peuvent limiter fortement l’installation de la pratique dans le quotidien des participant.es. C’est notamment le cas de la météo, problématique prise en compte en amont du démarrage de l’expérimentation. Afin de ne pas démotiver des personnes peu habituées au vélo, les équipes d’Auxilia ont créé une formation “Il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvais équipements” dans le but de transmettre toutes les informations sur les équipements à avoir en fonction de la météo. Malheureusement, cette dernière n’a pas été clémente dans la région bordelaise, ce qui a limité l’utilisation quotidienne du vélo pour une grande partie des participant.es.
“Le vélo sous la pluie ? Non car c’était la mousson. Une petite pluie ça serait ok mais là non.”
“ La pluie nous a frappés sur le retour et on n’était pas du tout équipé. Ce n’était pas évident avec les enfants […] justement, on n’a pas la volonté de faire du vélo sous la pluie avec eux”.
Le paramètre « stationnement résidentiel » : un facteur de limitation de la pratique
Celui-ci a même impacté très fortement l’utilisation des vélos, certaines résidences ne disposant pas de locaux vélos sécurisés. La plupart des participant.es concerné.es par ce cas de figure devait monter leur vélo chez eux et le stationner dans leur appartement.
“Le vélo est trop grand pour l’ascenseur. J’ai fait un test pour le mettre en sous-sol dans le parking voiture. Je n’ai pas renouvelé l’expérience car je n’étais pas rassuré. “
Bien qu’ils vivent dans des résidences disposant de locaux vélo sécurisés, d’autres habitant.es, les considérant peu sécurisés et/ou peu pratiques, ont décidé de ne pas les utiliser, ce qui les a limités dans l’utilisation fréquente de leur vélo.
“ J’ai vraiment peur de me le faire voler, car c’est un beau vélo neuf, qui coûte cher, qui n’est pas à moi, et donc je n’ose pas le laisser en bas ou dans le local vélo. Ça veut dire que je le descends ou que je le monte à chaque fois que je l’utilise, et comme il est super lourd, c’est une vraie corvée. “
“ Il y a le bip pour entrer à l’intérieur de la pièce sécurisée puis un autre bip à passer, ensuite une autre porte avec un groom. Après il faut mettre les antivols, bref tout ça met un certain temps et ce n’est pas confortable. Ça peut prendre 15 – 20 minutes. ”
Ce dernier paramètre révèle la nécessité de travailler avec les opérateurs pour la création de locaux pratiques et sécurisés. Aujourd’hui, les plans locaux d’urbanisme (PLU) s’attachent à accorder plus d’importance à la qualité des locaux vélo réalisés. Pour des immeubles d’habitation au nombre de logements important, il peut être aussi utile de s’appuyer sur l’expertise d’usage des habitant.es, afin d’offrir un parcours “usager” plus simple et pratique à toute personne désirant stationner son vélo dans le local commun.
Le vélo sur la voie de gagner le cœur des habitant.es
L’expérience d’usage des participant.es reste positivement réussie. Ils ont fait référence au plaisir et à une expérience de déplacement apaisée. En termes de temps de trajet, le vélo concurrence pleinement l’utilisation de la voiture individuelle en ville et permet de gagner du temps lors des déplacements contraints.
Les participant.es ont également noté les aménagements réalisés sur l’ensemble de la métropole et étaient agréablement surpris par leur praticité. Certaines discontinuités existent encore, mais les évolutions en cours ont motivé la pratique du vélo et laissent entrevoir un futur dans lequel les conditions seront plus optimales.
Enfin, la pratique du vélo permet également d’entrevoir une nouvelle manière de découvrir la ville et les aménités qu’elle propose. Des commerces, des parcs, des espaces de vies qui nous échappent lors d’un déplacement en voiture sont alors visibles à vélo. Et il est plus simple de faire un stop pour les découvrir de manière spontanée.
In fine, l’expérimentation vélo à Bègles, Eysines, Mérignac et Villenave d’Ornon s’est retrouvée au carrefour de plusieurs objectifs : les changements de comportement, les imaginaires autour du vélo, l’aménagement et la gestion du patrimoine résidentiel pour un service vélo efficace et sécurisé dans les immeubles d’habitation.
De manière plus transversale, elle contribue aussi à alimenter, avec une approche terrain, les travaux sur la démotorisation entrepris par Auxilia, via l’apport de retours d’expériences concrets, permettant une meilleure appréhension des mécanismes et participant à la mise en œuvre d’opérations urbaines qui pensent, dans leurs aménagements, la réduction des besoins automobiles et d’activer des leviers de changements de comportement.
La prochaine étape ?
Un échange « à froid » à partir de septembre 2024 entre les équipes d’Auxilia et chaque participant.e pour analyser quelle a été l’évolution de leur pratique du vélo comme moyen de transport après la fin de l’expérimentation.
Rendez-vous donc en septembre pour les résultats finaux de ces trois mois de test !
En attendant nous vous invitons à visualiser la vidéo produite par l’entreprise Viraj qui retrace en image l’expérimentation.
En savoir plus sur Alexandre Couzinier et Inès Mathlouthi ou l’expertise Mobilité d’Auxilia.
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