Un changement inéluctable du paysage
Notre sensibilité au paysage qui nous environne est de plus en plus vive, au point que tout changement devient difficile à appréhender et peut être considéré comme un aveu d’échecs des politiques publiques de la part des citoyens. Une certaine volonté de muséifier nos paysages se renforce ici où là et ceci à toutes les échelles. Pourtant le paysage, particulièrement en France, n’a cessé d’évoluer, volontairement parfois, involontairement souvent tant notre cadre de vie est induit par des changements profonds mais relativement lents de nos modes de vie depuis des générations.
Est-ce la rapidité des évolutions paysagères qui nous rend plus sensible et vigilant ? Sans doute mais pas seulement. Il s’agit aussi d’une évolution sociétale où nous prenons plus de temps à « voir et comprendre » le paysage qui nous environne et ceci à toute les échelles : le bâti, la rue, le quartier ou encore le territoire. Le développement des activités de loisirs et du tourisme balnéaire ou nature est la preuve et la conséquence de cette sensibilité et de cette vigilance.
La crise climatique qui se profile a déjà des effets sur nos paysages, mais les changements les plus profonds sont à venir. Qu’on laisser-faire les émissions de gaz à effet de serre ou qu’on y réponde de manière active et réelle, nos paysages changeront inéluctablement selon 3 curseurs :
- Notre capacité et nos solutions en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ;
- Notre capacité et nos solutions en matière d’adaptation au dérèglement climatique ;
- Notre capacité et nos solutions en matière de stockage carbone ;
- Notre capacité et nos solutions en matière d’installations d’énergies renouvelables.
Ceci concernera à la fois nos paysages naturels et agricoles, nos paysages urbains que nos paysages économiques et industriels.
Le plan de paysage Transition, un outil stratégique et opérationnel
Depuis quelques années, la DRAC et l’ADEME ont lancé les plans de paysage Transitions. Auxilia accompagne l’élaboration de deux études les territoires du Pays Vallée de la Sarthe et de la Communauté d’Agglomération Béthune Bruay Artois Lys Romane, le premier ayant mis l’accent sur les évolutions paysagères induites par le développement des énergies renouvelables et le second, sur l’évolution des paysages en conséquence d’une stratégie de sobriété territoriale.
La démarche comprend plusieurs étapes réglementaires, de la réalisation d’un diagnostic territorial et paysager, à l’élaboration d’une stratégie concertée, puis à la définition d’un programme d’actions concrètes. Cette démarche complète appuie les plans climat et les schémas directeurs des énergies déjà largement déployés sur les territoires, par l’apport d’une dimension nouvelle : la sensibilité à son environnement.
Ces deux démarches nous permettent de rendre compte du potentiel du paysage comme outil de médiation et de prise en compte de la complexité des stratégies de transitions, de l’incertitude du climat à venir et de l’opérationnalité des actions possibles.
Le paysage, levier d’échange et de concertation de la transition
Le paysage, en tant que miroir de l’identité locale, est un puissant levier pour favoriser les échanges, construire une vision commune et engager les territoires dans une transition choisie, plutôt que subie. Les plans de paysage de transition énergétique et climatique offrent des outils concrets pour sensibiliser et mobiliser autour de la transition.
Le paysage est l’affaire de tous. Qu’on soit conscient d’y être sensible ou non, nous avons un regard sur celui-ci, un avis souvent tranché, comme les couleurs, la sensibilité au paysage est une affaire de goût. Ainsi, le paysage est à la fois un outil connu de tous et politique, au sens qu’il fait la cité. A ce titre, c’est un outil de médiation parfait pour concerter tous les publics, notamment les non experts.
Pour garantir le succès des démarches de transition écologiques, énergétiques et climatiques, la mobilisation du paysage comme vecteur de médiation peut s’appuyer sur plusieurs leviers :
- L’élaboration d’un diagnostic sensible assurant la compréhension des perceptions des habitants et acteurs locaux à leur paysage : leur pépite paysagère, les points noirs mais aussi, les paysages non perçus car trop ordinaires. La mobilisation large des habitants est nécessaire, aller à leur rencontre est indispensable à travers des évènements adaptés offrant des outils variés (jeux sérieux, photolangage, dessins, …) ;
- L’appropriation des implications des politiques de transition dans les paysages mais également du renoncement à tout engagement dans ces politiques à travers le recensement des projets en cours et une réflexion sur leur intégration paysagère. Des balades paysagères et des visites de sites peuvent être organisées ;
- Partager une approche prospective de long terme, au-delà de 2070 pour s’imprégner des conséquences de la transition ou la non-transition sur les paysages à travers des scénarios prospectifs dessinés et adaptés au contexte local via des archétypes paysagers ;
- Identifier les paysages souhaités, intolérables ou encore inévitables permettant aux décideurs locaux d’anticiper et opérationnaliser des actions à court, moyen et long termes à travers des ateliers réunissant tous les futurs pilotes de projets et partenaires.
Cette démarche de concertation, appuyée par le paysage, permet de réunir les acteurs et publics locaux autour d’un enjeu de réservation paysagère partagée. Les débats, qui assument technique et sensibilité, s’en trouvent plus sereins, permettant de trouver des solutions partagées par des acteurs, qui souvent s’opposent. C’est particulièrement le cas pour les projets d’installations d’énergies renouvelables. Elle stimule l’engagement citoyen autour de la transition écologique.
Ainsi, les territoires qui souhaitent maîtriser l’évolution de leurs paysages dans le contexte de la transition énergétique et du changement climatique ont tout intérêt à s’approprier ces outils pour définir ensemble les paysages de demain.
Largement subventionnés dans le cadre d’appels à projet annuels du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (ADEME) et l’Office français de la biodiversité (OFB) les Plans de Paysages Transition représentent une véritable opportunité pour les territoires.
Appel à projets Plan de paysage consultable ici.
